29 janv. 2010

Bonne route la 59 !

Et voilà, ça y est, l’Astrolabe est parti depuis une semaine, emportant avec lui 12 hivernants de la 59, ainsi qu’une poignée de campagnards d’été, dont ma collègue Marion. Ce départ, je l’appréhendais plus que tout autre. C’est qu’on s’attache vite aux gens dans ce bout du monde !

Il y eut un vendredi soir festif, ponctué de descentes en luge, contemplation du coucher de soleil, danses sur l’Astrolabe. Une balade en bateau au milieu des icebergs le samedi, destinée aux partants, mais à laquelle j’ai eu la chance de participer car il restait de la place.

Lors de la balade en sea-truck

Des au revoir émouvants en fin d’après-midi, avant que tous ne montent sur le petit bateau faisant la navette entre l’île des Pétrels et l’Astrolabe, à quai en face (au niveau de la piste du lion). Une longue attente dans les rochers.

L’étrange caillou qui se mit à bouger alors que je l’enjambais pour me trouver une place dans les rochers…

Et puis, au moment où enfin l’Astrolabe quitte le quai, un appel : « montez tous dans le sea-truck, on les suit ! ». Alors hop, ni une ni deux, nous voilà tous entassés sur le sea-truck, petit bateau à fond plat permettant la liaison entre les îles et les activités de pêche scientifique. Nous avons ainsi eu le plaisir de suivre le bateau dans le chenal, en musique (musique de marins, cela va de soi), pour un dernier hommage à la mission sortante.

Le sea-truck escortant l’Astrolabe (photo Claire S)

Bonne route Céline, Charlène, Emeline, Eugénie, François, Guigui, Guillaume, Marion, Richard, Seb, Tony, Vincent et Yan. Profitez à fond de vos vacances en Tasmanie, Nouvelle-Zélande et Australie, et comptez sur nous pour passer une année aussi riche que la vôtre ! Ici on ne vous oubliera pas, c’est promis !

Départ de l’Astrolabe (photo Claire S)

Il y eut du coup un samedi soir plus calme que les autres, un peu triste. Et puis la vie de la base a repris, dans l’attente du prochain bateau.

Les jours derniers ont été assez venteux, le temps reste gris. Du coup la base tourne un peu au ralenti, car beaucoup de manips en extérieur ne peuvent se faire. On a comme l’impression que les beaux jours d’été sont derrière nous.

Shelter orange sur ciel menaçant

Les poussins Adélie ont commencé leur mue. Promis, la prochaine fois, je vous mets quelques photos ! En attendant, voici quelques images de l’île maintenant entourée d'eau…

Adélie rentrant de mer

Coucher de soleil sur la croix Prudhomme

Adélie se reposant en soirée

21 janv. 2010

Histoires de manchots…

Voici quelques nouvelles des Adélie. Eh bien ils grandissent, ils grandissent… Ils sont maintenant la plupart du temps en crèche et pèsent pour la plupart entre 2 et 3 kg. Plusieurs petits se rassemblent, et se blottissent les uns contre les autres. Parfois un des parents n’est pas loin, parfois les deux sont partis manger ou se balader. Le mauvais temps des derniers jours a été fatal à de nombreux poussins, qui ont fini dans le ventre des skuas. C’est triste, mais c’est la loi de la nature !


Poussin Adélie


Dans la boue, ils ont moins fière allure…

Plus ça va, plus je les aime ces Adélie ! Ils ont un sacré caractère… D’ailleurs ils ont chacun leur propre caractère. Certains sont dociles, d’autres curieux, agressifs… Dur de ne pas faire d’anthropomorphisme en leur attribuant des traits de caractères humains ! Je vous fais suivre quelques photos de mes protégés lors d’une séquence de nourrissage…


Chants au retour du voyage alimentaire d’un des parents


Le couple chante avec ses 2 poussins


Les poussins s’apprêtent à demander à manger


Le poussin demande à manger en tapotant le bec de l’adulte avec le sien


L’adulte nourrit un des poussins, l’autre essaie d’en récupérer un peu… Vous remarquerez les picots qu’il y a sur la langue de l’adulte, un peu comme un hameçon, impossible pour les petits poissons de ressortir quand ils sont attrapés en mer !


Hmmmm bon appétit !

Une petite anecdote à vous raconter également. Il y a quelques jours, je surveillais nos manchots aux jumelles quand j’en vois un différent des autres… Je me dis tout d’abord, « Tiens, un immature ». Et puis en y regardant de plus près, mais c’est bien sûr, voici le premier manchot à jugulaire de la saison ! Vite, je me rue dans Biomar pour prévenir les ornithos, un coup de fil au séjour puis un appel radio pour que l’information circule… En quelques minutes, toute une foule se retrouve sur la passerelle à observer et photographier l’oiseau. Il a été plutôt sympa, et est resté tout l’après-midi pour poser. Pratiquement tous les ans, l’île reçoit la visite d’un ou de plusieurs manchots à jugulaire, visiteurs occasionnels. Ils habitent traditionnellement en péninsule antarctique, îles Shetland, Sandwitch, Georgie du Sud, Orkney sud… On peut également en rencontrer en Tasmanie, sur les îles Crozet, Marion, Kerguelen et Macquarie. Ils sont très grégaires, et les couples restent stables d’une année sur l’autre. Ils se reproduisent en novembre-mars. J’ai été surprise de voir à quel point ils peuvent avoir un gabarit semblable à celui des Adélie. Mis à part une implantation des plumes au niveau du bec différente, un liseré noir au niveau du menton et un œil marron clair, on pourrait pratiquement les confondre !


Manchot à jugulaire

Une bien belle rencontre en tout cas… Qui m’a moins laissée sur ma faim que celle de la veille. Un léopard des mers avait passé une partie de la matinée à chasser le manchot autour de l’île, mais l’information n’a pas circulé assez vite, et le temps que je descende, il était en train de digérer sous une plaque de glace… J’ai eu beau passer plus d’une heure à guetter aux jumelles, je n’ai pu l’apercevoir que quelques secondes remonter respirer avant de replonger. Tant pis, ça sera pour la prochaine fois !


La plaque de glace sous laquelle le léopard faisait la sieste. On peut voir que tous les Adélie se sont réfugiés sur la glace, aucun n’ose se mettre à l’eau… Pas fous !

Et sinon, un erratum. On avait un doute et cela a été confirmé, le manchot dont je vous ai montré la photo il y a quelques jours n’est pas Isabelle mais un manchot qui n’avait jusqu’alors jamais été vu sur l’île. Il est pratiquement blanc (une forme albinos ?), et donc plus clair qu’Isabelle, qui est plutôt crème…

En ce qui concerne la météo, nous avons eu la surprise ces jours derniers de voir de la pluie ! Du petit crachin, encore un peu je me serai crue à Nantes ! Je suis également surprise de voir à quelle vitesse le pack peut se déplacer… Le chenal du lion était depuis plusieurs jours totalement dépourvu de glace, mais un beau matin, après quelques jours de mauvais temps, nous nous sommes retrouvés entourés de pack ! Qui est reparti comme il était venu, quelques heures plus tard…


Le pack dans le chenal du lion

Pour terminer, nous avons pu voir au début du mois le premier Adélie immature. Il s’agit d’un animal qui a sans doute 1 ou 2 ans, pas encore apte à se reproduire. On en voit assez peu, car à cet âge là ils ne viennent en général pas sur l’île pendant la saison de reproduction. Ils ressemblent aux adultes, sauf au niveau de la répartition du noir et du blanc : ils ont le menton blanc.


A la prochaine !

18 janv. 2010

Une journée d’été à DDU

Peut-être vous demandez-vous comment s’organisent mes journées sur la base, pendant la campagne d’été. Eh bien voilà, en ce lundi 18 janvier, si vous le souhaitez, je vous emmène avec moi. Enfilez gants et bonnet, on est parti !  

Aujourd’hui je suis de soir, je laisse donc à ma collègue Marion le soin de s’occuper du suivi de nos manchots avant 8h. Grasse matinée donc, jusqu’à 7h30. J’ouvre mes rideaux, brrr il ne fait pas beau aujourd’hui !


Photo prise d’une de mes fenêtres. En général, on arrive à voir le continent, mais ce matin il fait trop gris !


Photo prise de l’autre fenêtre. A droite on voit le séjour et la passerelle qui y conduit. A sa gauche l’un de nos frigos, et encore à gauche la centrale. Je passe par là pour me rendre à Biomar.

Direction le séjour, pour un petit déjeuner servi de 6h à 8h. Pain frais, beurre, confiture, (on se croirait presque en France :). Comble du luxe, quelques cartons de Nutella ont été déchargés lors de la dernière rotation du bateau. Chaque pot sorti est pris d’assaut, c’est une denrée rare ici.

A 8h se tient le briefing hebdomadaire, auquel tous les habitants de la base sont conviés. La présence n’est pas obligatoire, mais vivement conseillée. C’est l’occasion de se mettre au courant des dernières nouvelles ; je ne raterai ça sous aucun prétexte. Ce matin, Patrice (responsable IPEV pendant la campagne d’été) et Marie-France (la DisTA) nous informent des avancées de l’Astrolabe, de l’organisation du raid et des modifications des plans de couchage. Suite à l’arrivée d’une perturbation, le départ du raid est repoussé, ainsi que le retour du bateau sur DDU. Les prochaines rotations seront donc toutes décalées d’une journée au moins. Après ce point, vient le traditionnel tour de table. La parole est donnée à chacun. En général, cela va vite. Le gérant postal nous annonce que la date limite de dépôt du courrier sera également décalée d’un jour.

Après la réunion, je m’aperçois que j’ai oublié hier un sac au dortoir été, où nous avons fait une soirée crêpes. Il est de l’autre côté de l’île, et quand il y a de la tempête le trajet à pied dans les cailloux est périlleux. Je profite donc d’un campagnard qui fait l’aller-retour en quad pour le récupérer.


Le dortoir été. On devine sur la droite le chemin de corde qui permet de rallier le séjour en passant dans les cailloux. La route fait un détour mais permet de le rejoindre en quad ou 4/4.

Un petit passage par le dortoir 42, et je file à Biomar, l’antre des biologistes, où j’arrive peu après 8h30. Il neige et il y a beaucoup de vent, les manips extérieures seront donc limitées. On se contente de surveiller nos manchots marqués toutes les heures, afin de connaître les allées et venues de chacun, et éventuellement de réaliser des prélèvements sur certains d’entre eux. Quand le temps est au beau et que les manips le permettent, la pause café de 10h sur la terrasse, au soleil et face à l’océan (ou à la banquise) est un vrai bonheur. Aujourd’hui, forcément, on s’en passera. A la place, je passe à la gérance postale pour déposer mon courrier, et y apposer mon tampon personnalisé.


La terrasse où nous prenons parfois un café, un jour où il ne fait pas trop moche !

A 11h45, nous rejoignons le séjour pour l’apéritif. A midi tapant, le gong sonne pour que l’on passe à table. Il s’agit d’être à l’heure, sinon la vie en collectivité devient délicate. Après le repas, un peu de lecture au salon. Je jette un coup d’œil au bulletin météo accroché au tableau en liège : il n’est pas prévu que le temps s’améliore dans les prochains jours ! Je passe ensuite à la coop, tenue par la DisTA, pour acheter un t-shirt TAAF. En France vous faites les soldes, je ne vois pas pourquoi je ne ferai pas, moi aussi, un peu de shopping … Bon, par contre, le choix est beaucoup plus restreint, il ne faut pas être difficile sur les tailles, modèles et couleurs !


Le séjour, il y a quelques semaines, lorsque la neige n’avait pas encore fondu.

Vers 13h30, direction Biomar pour continuer nos suivis. L’après-midi sera plutôt calme, des saisies informatiques, des échanges mails avec le labo, le suivi des manchots toutes les heures, quelques prises de sang et pesées. Je pars vers 18h30, et le temps de passer prendre une douche au 42 (coup de chance, ce soir je n’ai pas à faire la queue), il est 19h, l’heure de l’apéro. C’est un vrai moment social, où l’on se raconte nos journées respectives. A 19h15 le gong sonne et je gagne une table. Ce soir, je mange avec Jérémy, chaudronnier soudeur en campagne d’été, ma collègue Marion, Marie l’ornitho de la TA60, Angélique une campagnarde d’été qui travaille en génétique, et Stéphane le pilote d’hélicoptère. Les mélanges de spécialités donnent toujours des conversations passionnantes. Après le repas, une petite tisane, quelques parties de babyfoot et/ou billard, et il est 21h.

Comme je suis de soir, je descends à Biomar faire le tour de nos manchots, puis je reste joignable jusqu’à minuit, au cas où notre supérieur, qui fait le suivi de nuit, aurait besoin d’aide. Le temps s’est encore dégradé, il y a dans les 100 km/h de vent, peu de visibilité, et il neige toujours. J’enfile mon pantalon coupe-vent et ma vareuse orange, je mets mon masque et me concentre pour ne pas glisser sur les rochers. Les manchots sont tous couchés et recouverts de neige, pas facile de reconnaître ceux que nous avons marqués ! Ensuite, je ne repasse pas au séjour, car il y a soirée cinéma, avec projection de « Mesrine 2 », et j’ai raté le début. Les autres soirs, je passe parfois au séjour pour papoter ; ou alors je me balade sur l’île pour faire de la photo ! Vite, je me dépêche d’envoyer quelques mails avant la connexion satellite de 23h ! Je ferme les rideaux car il fait toujours grand jour, lis quelques pages du livre reçu dans un de mes colis et m’endors, bercée par les cris d’Adélie et le mugissement du vent. Bonne nuit !


Le bâtiment 42 avant la fonte de la congère, accélérée grâce à un arrosage à la saumure.

10 janv. 2010

Bateau en vue !

Ca y est, l’Astrolabe est enfin arrivé à DDU. 10 mois qu’il n’était pas venu, on sentait une certaine émotion chez les hivernants sortants ! A 23h le 5 janvier, nous étions nombreux à observer l’arrivée du monstre, qui est sorti du pack avec difficultés et a fini par casser ce qu’il restait de glace dans le chenal du Lion. 1h30 à l’attendre dans le froid, mais les lumières du soir et le lever de lune valaient le déplacement. Et puis ce n’est pas tous les soirs qu’on verra un bateau approcher, alors autant en profiter !


Arrivée de l’Astrolabe


L’Astrolabe casse les dernières glaces dans le chenal du Lion

Voici une carte de l’archipel, pour que vous puissiez un peu vous repérer dans les noms que je donne régulièrement. Le bateau se met à quai sur la piste du Lion (le rectangle jaune pâle sur la carte), en arrivant par le chenal situé entre l’île des Pétrels et la piste du Lion, par le Nord-Ouest.


Carte de l’archipel de pointe Géologie

Avec l’Astrolabe a débarqué une foule de nouvelles têtes, et DDU, maintenant, grouille de monde. Etrange de ne pas reconnaître les gens que l’on croise ; parfois, on se croirait presque dans la rue (la frénésie des soldes en moins)! La TA60 est désormais au complet, avec l’arrivée de Floriane et Baptiste, qui ont été accueillis comme il se doit, avec une banderole confectionnée par Adrien, notre chef GéoPhy (informaticien).

DDU s’est donc transformé en ruche ; le bateau a été déchargé rapidement, l’hélicoptère faisant constamment des allers-retours entre le quai et la base, les scientifiques s’activant pour préparer la campagne océano, les campagnards découvrant la base…

Nous avons également reçu le courrier, toujours très attendu. Un petit colis avec des victuailles de fête, quelques lettres et revues, merci pour toutes ces attentions :)!

Le bateau est reparti le samedi 9 pour une campagne océano d’une dizaine de jours, avec une poignée d’hivernants et de campagnards d’été. Le départ du bateau a été au dernier moment avancé d’une demi-journée, car on attendait une perturbation et le capitaine craignait que le bateau ne puisse plus sortir du chenal du Lion. Et comme le départ de R2 pour Hobart est fixé, cela aurait réduit d’autant la durée de la campagne océano.


Fin de journée, vue sur le continent

De notre côté, les manips continuent, imperturbablement. Qu’il neige, qu’il vente, ou que cela soit dimanche, nous observons toutes les 2-3 heures la centaine de couples d’Adélie que nous suivons. Autant ceci est agréable quand il fait soleil, autant cela peut devenir périlleux ou pénible les soirs de fêtes ou journées de tempêtes.

Sinon mes malles, ainsi que celles d’une petite dizaine d’autres hivernants nous ont fait une deuxième fausse arrivée : deux caisses bois ont été chargées vides à Hobart, les pleines étant laissées sur le quai… La logistique polaire a parfois ses ratés. Enfin, attendre 1 mois de plus ne me chagrine pas plus que ça, il y a ici tout pour être heureux, ne l’oublions pas ! Allez, on y croit pour R3 ?

J’ai en revanche récupéré ma chambre d’hivernant. Il est bien agréable d’avoir enfin une chambre seule, où je peux m’installer sans me demander combien de temps je vais y rester. Ma chambre est située à l’étage du 42, en bout de couloir, j’ai donc la chance d’avoir 2 fenêtres, dont une qui donne sur la banquise et le continent, c’est parfait !

Ces derniers jours (hormis le we dernier) il a fait un véritable temps estival, ce qui nous a permis de faire un premier pique-nique entre TA60, et de profiter un peu de la terrasse de Biomar. Quand je vois les températures qu’il y a en métropole, j’hésite parfois à annoncer celles d’ici !


Photo prise lors d’un barbecue, ça donnerai presque envie de se baigner !

J’avais commencé, avec les skuas, à vous présenter les oiseaux… Continuons avec les pétrels géants. Il en existe 2 espèces. A DDU nous observons les Macronectes giganteus (Southern Giant Petrel). Il en reste moins d’une vingtaine de couples dans l’archipel, les ornitho veillent donc particulièrement à ce que le dérangement soit minimal. Ils sont tous localisés sur l’île Rostang (dont l’accès est interdit de novembre à mars), les derniers qui résidaient sur Pétrels étant partis il y a quelques années. Ils se reproduisent en août-octobre et pondent un seul œuf. Ils ont une envergure d’1,5 à 2m pour un poids de 3,8-5 kg. Les femelles sont un peu plus petites que les mâles. Ils se nourrissent de carcasses de manchots ou de phoques, mais peuvent également chasser des oiseaux vivants. En hiver, ils migrent au nord du 40e parallèle (Australie, Nouvelle-Zélande). On n’en voit pas si souvent que ça ici, c’est donc toujours émouvant d’en observer. Ils sont vraiment imposants et ont une sacrée inertie, il faut les voir courir sur plusieurs mètres avant d’enfin décoller !


Pétrel géant se nourrissant d’une carcasse de poussin empereur


Pétrel géant prenant son envol

En ce qui concerne les Adélie, les poussins grandissent à une vitesse folle, certains pesant déjà plus de 2 kg, soit presque la moitié du poids de leurs parents ! Je vous avais déjà présenté Grisou, un des manchots fétiches de la base. Voici maintenant Isabelle, un autre manchot au plumage inhabituel. Elle réside de l’autre côté de l’île, mais nous a fait le plaisir de passer à côté de Biomar la semaine dernière, elle est magnifique !


La belle Isabelle !

2 janv. 2010

2010 raisons de bien entamer l’année

Et voilà, avec quelques 9h d’avance sur vous, nous avons dit au revoir à 2009 pour accueillir 2010. Je passerai cette année dans son intégralité ici, à DDU. C’est curieux quand on y pense. Une année civile complète sans voir d’arbres, de fleurs, de magasins, sans vous voir, vous. Enfin, stop à la mélancolie, place aux bonnes résolutions. Hum, en ce qui me concerne, il s’agira de profiter de chaque instant, de ne pas laisser passer une seule journée sans mesurer la chance que j’ai d’être ici, et aussi d’arrêter de reprendre 3 fois de chaque plat, histoire que mes parents me reconnaissent à mon retour :) (imaginez-vous midi et soir au restaurant, pendant un an…).

Pour les fêtes, notre cuisinier Gurvan et notre boulanger-pâtissier Christopher nous avaient concocté de bons petits plats. Gratin de Saint-Jacques, canard à l’orange, omelette norvégienne… Ce n’est pas parce qu’on est loin qu’on ne doit pas se faire plaisir ! Pour la soirée de Noël, nous devions tous préparer un petit cadeau, ensuite tiré au sort. J’avais préparé un montage photo sur les Adélie, que notre menuisier m’avait encadré. C’est Patrick, le chef technique, qui l’a reçu. J’ai de mon côté reçu un t-shirt de la TA59 et une bague artisanale. Bref, une bonne soirée, qui s’est terminée comme il se doit par des danses endiablées. C’est la première fois que je passe Noël sans… nuit de Noël ! Afin de tromper le jour permanent, nous avions baissé les stores du séjour, mais un bref coup d’œil dehors nous resituait vite en Antarctique : un grand soleil, des Adélie en train de parader, quelques bergs flottant sur la mer au loin… Pour la soirée du 31, Patrick à la guitare, Jean-Gab au saxo et François à la batterie nous avaient préparé un petit concert qui a mis une sacrée ambiance !

Voilà, les fêtes n’ont ici pas la même saveur que chez vous. Pour commencer, pas de jour de congé, le 25 décembre comme le 1er janvier ne sont pas chômés pour nous, donc la fatigue commence à s’accumuler. Et les repères ne sont pas les mêmes, donc on pourrait aussi bien être en février ou en novembre.

Sinon les poussins Adélie grandissent à une vitesse folle. Ils sont mignons quand ils naissent, mais deviennent vite disproportionnés, avec un énorme ventre.


Poussin Adélie sous un de ses parents

Leurs parents quant à eux font maintenant des voyages alimentaires courts (d’1 ou 2 jours), et s’en donnent à cœur joie dans ce que nous appelons la « piscine à manchots », une zone d’eau libre située au pied de l’île, où ils se baignent en grand nombre.


Poussez pas les gars, chacun son tour !


Adélie plongeant dans la piscine à manchots


Une torpille !


Adélie en train de barboter

Les autres oiseaux présents sur l’île sont également en période de reproduction. Je ne vous ai pas encore beaucoup parlé d’eux, je vais donc commencer par les skuas. Les skuas sont des oiseaux d’assez grande taille (ailes d’une quarantaine de cm pour un poids de 0,6-1,7 kg), qui ont un peu une allure et un comportement de rapace, bien qu’il n’en s’agisse pas. La femelle est plus grande que le mâle, et il en existe plusieurs espèces en zone subantarctique et antarctique. Ici nous observons le South Polar Skua : Catharacta [skua] maccormicki. Ils pondent un ou deux œufs en novembre-décembre, qui incubent 28-31 jours. Le plus vieux des deux poussins élimine fréquemment le plus jeune. Ils atteignent leur maturité sexuelle à 6 ans. De mars à octobre ils migrent en Alaska, Afrique, Inde ou Océan Pacifique nord.


Skua en vol

Ils se nourrissent principalement de poisson mais ce sont également des prédateurs des Adélie, à l’affut du moindre œuf oublié, ou du moindre poussin à l’écart de ses parents. J’en ai même vu un avaler un poussin en entier, comme le ferait un serpent ! Ils sont vraiment beaux, volent vite et de façon précise, de vrais avions à réaction. Très territoriaux, ils n’hésitent pas à nous attaquer si nous marchons à proximité de leur nid. Ils arrivent alors silencieusement pour nous taper la tête avec leurs pattes. Assez impressionnant ! On garde donc un œil vers le ciel, prêts à lever la main pour les effaroucher s’ils s’approchent trop près. Ils ont même réussi par 3 fois à nous voler des œufs artificiels dont on se sert pour les manips, dont un sous nos yeux ! Heureusement, nous avons fini par les retrouver intacts… Bref, j’aime bien les skuas, leur côté opportuniste et leur cri rauque.


Skua en train de crier

Plusieurs de nos camarades (campagnards d’été et hivernants sortants) sont partis sur R1 dimanche dernier, la base semble bien vide sans eux. L’Astrolabe est arrivé à Hobart il y a quelques jours, après une traversée agitée (une pensée pour ceux qui ont passé Noël couchés dans leur bannette !). Il a été rapidement chargé (forcément, car peu de matériel avait pu être déchargé à R1) et est reparti. Nous l’attendons pour le 6 janvier. Il partira ensuite sur une campagne océanographique, repassera par DDU et repartira pour Hobart aux alentours du 24 janvier, emportant avec lui une grande partie de la TA59. Je ferai une émission de radio le 5 ou le 6 janvier, dédiée au TA59. Donc amis des hivernants sortants, même principe que d’habitude, vous pouvez m’envoyer (mdebin[at]ifrtpddu.ifremer.fr) une demande de dédicace : le titre d’une chanson et son interprète plus éventuellement un petit mot pour un membre de la TA59. Je chercherai le morceau sur notre réseau et le passerai à l’antenne…

Départ émouvant d’un hélicoptère pour l’Astrolabe, une bonne partie de la base se presse derrière les barrières pour agiter quelques mains…



Pour les dernières nouvelles des poussins empereurs, l’eau libre est de plus en plus présente, et les derniers froussards se sont rassemblés depuis quelques jours sur un berg, attendant de se jeter à l’eau…


En arrière-plan, berg où les poussins empereurs se sont rassemblés


Paysage autour de l’île

Pour finir, je vous souhaite une excellente année 2010 et vous embrasse tous bien fort !



Vous voyez, il fait bien plus froid chez vous :). Ici, même s’il fait quand-même frais en t-shirt, on se fait parfois des barbecues où un petit pull suffit…